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Fonction : liseuse de cartes / diseuse d’aventure

​

je lis dans les cartes, guidées par les éléments représentés, je les interprète.​

explorer. parcourir.
disponible et intéressée par ce qui m’entoure. se nourrir de voyages, d’itinérances, expériences immédiates de lieux. protocole ou hasard. une pratique qui alimente mes projets.

ma pratique, continuel aller-retour entre le dehors le dedans.
l’immédiat, le « terrain » et la résidence, lieu effervescent, d’échange. laboratoire où l’on peut interagir, connecter, collaborer, partager.

importance du temps passé pour la recherche. comme pratiquer un territoire sans savoir ce qu’il contient, ce que l’on va y découvrir. à l’affût d’une surprise, d’inattendu, en quête de folies ordinaires, anomalies, irrégularités.
j’émets des hypothèses, j’enquête. découvrir/donner l’histoire des lieux.
exploration et expérience sont essentielles. je pars en reconnaissance, m’engage. un apprentissage, une connaissance par l’usage. interprétations, intuitions, réflexions, donc incertitudes ouvrent à des possibles.

intéressée par un paysage urbain, en mutation, en transformation. fascination de cette violence, excitation perverse de la catastrophe.
examiner de nouvelles formes, de nouvelles fabriques de territoires, de nouveaux paysages (Manchester, Nicosie, Lens).

la rust-belt, lieu géographique du projet, marqué par le déclin industriel. le paysage urbain en porte encore les stigmates : ruines, friches, espaces déshérités..

je suis attirée par des lieux en cours de transformation ou suspendu.

Aurélie Le Maître. Exploratrice A

direction

 

 

un territoire, sa traversée. la rust belt, région post-industrielle, en déclin.

 

 

je veux dans cette page parler de lieux, à travers des récits d’exploration. arpentages de villes, déplacements, je marche le temps de voir, je cadre, (dé)zoome. je pars en reconnaissance, arpente le territoire, le pratique. notes illustrées, extraits sommaires, exposés succincts. mes remarques, indications sont une sorte d’explication, de commentaire issus de sentiments, pensées, expériences.

 

 

derrière cet objectif, il s’agit de donner à voir, à lire, des lieux choisis. j’observe, interprète, questionne des situations. états de lieux. un paysage sinistré, fragile, inégal qui dévoile son histoire passée présente future.

 

22-08-13

en route pour chicago, le bus s’arrête à buffalo. ville frontalière, j’y passe deux journées.

plan en main je découvre le centre-ville. dents creuses, inoccupation des sols, la ville est mitée, parcourue de trous. des terrains désoccupés, libres, résultat d’une population divisée par deux depuis 1970 et d’une moitié de sa surface commerciale et industrielle perdue.

 

je longe les rues. espaces vacants, disponibles, les parkings fleurissent dans la ville. stationnement privé, le vide devient payant.  terrains vagues clôturés aux lignes bien dessinées. surface de bitume repeinte de noir. comme neuve. à l’entrée les mêmes signes, un nom, un panneau, prix affichés. les voitures sont rangées, alignées les unes à côté des autres. une cabine monte la garde.  

 

là où l’on n’est rien sans la voiture, le parking est un élément fondamental dans la vie de la cité, il est plus rentable de démolir que de bâtir. mobilité et in-dépendance de ses habitants. la voiture consommée en masse a modifié le paysage, construction pour et autour.

 

je constitue une collection de photographie. multiplication, démonstration de l’exagération nord américaine. je liste, inventorie les parkings publics. typologie. les lieux capturés trouvent leur identité, inscription dans la série.

25-08-13

chicago, le loop.

j’avais eu connaissance d’un projet avorté, la chicago spire, gratte-ciel résidentiel. 2008 crise financière, les travaux sont suspendus, abandon 2 ans plus tard.

il serait devenu le plus haut gratte-ciel du continent américain. expression de la civilisation moderne, symbole de puissance, d’accomplissement. ils démontrent, projettent. mise en scène touristique, décor de film, vitrine du capitalisme. le paysage est redessiné. marketing urbain. on se construit une identité, reconnaissable à sa silhouette. bataille architecturale, course à la hauteur. des compétitions à qui aura la plus grande, concurrences viriles. ils bâtissent, dressent, confortent leur image.

 

je demande à yakov, de m’y conduire, il ne se souvient plus très bien. face à une barrière, on entre-aperçoit le chantier. ils ont fermé depuis la dernière fois, à l’abri des regards et des critiques.

j’y retourne le lendemain. visible depuis le pont qui domine le terrain. bordé par le canal, le boulevard, la rivière et les immeubles résidentiels existants, le site est muré, inaccessible.

au centre, un trou. résultat de la phase souterraine des travaux : un coffrage circulaire, 31 mètres de diamètre et 24 mètres de profondeur, fondation du bâtiment.

projet inachevé, tour de babel tombée avant d’avoir été érigée. construction à rebours. il exhibe l’inachèvement, l’impossibilité de compléter, de totaliser, de saturer, d’achever quelque chose. nombreux projets susceptibles de se concrétiser sont remis en sommeil. futurs monuments, emblème d’une économie mais aussi symptôme d’une crise de civilisation.

photographies sidonie rocher

04-09-13

la maison henry et clara ford. symbole d’un modèle né à détroit et de ses limites.

06-09-13

northland center. premier centre commercial moderne suburbain construit aux états-unis en 1954. incursion en banlieue. on déroule les voies express, dresse les parkings. symbole passé de suburbanisation, en déclin, ravagé par le temps, dans une banlieue qui s’étend toujours plus. compétition et migration. les bâtiments disparaissent autour, les voitures manquent à l’appel.

11-09-13

je traverse une rue, changement de paysage. des espaces inégalement occupés. le plan se vide, défaut linéaire, discontinuité dans l'organisation de la structure. une population mobile, peu attachée au lieu où elle habite. on déménage. se sauve qui peut.

              dislocation

                           délocalisation

                   dispersion

la ville ronge le territoire. une forêt pousse à l’intérieur. des maisons tombent. tabula rasa. surface de terre mise à nue, routes accidentées, on amasse, entasse. végétation dense, territoire ou-vert. les traces vont peu à peu s’effacer, cicatrisation, repossession des lieux.

15-09-13

frontière. liaison et séparation, fracture et transition, dehors et dedans, enfermement et protection. ici elle est réelle, matérielle. on marque son territoire, se coupe de l’autre. alter road. ligne de partage, ethnique et économique, certains des quartiers les plus pauvres de détroit sont situées d'un côté alors que ceux de l'autre sont riches. contraste stupéfiant.

côté rue, pelouses parfaites finies au coupe bordure, driveways perpendiculaires à la rue, garages incorporés. des maisons confortables, toujours plus grandes, pastiches de style victorien. ils font bonne figure, sourire émail brillant, culture bourgeoise suburbaine. vitrine aux apparences impeccables.

 

road ends

no outlet

road closed

dead end

enfilade de taudis, alternance de maisons abandonnée – détruite – détruite – détruite – habitée – habitée – détruite - brûlée ... les trottoirs disparaissent sous les herbes. ils errent, une population touchée par le chômage et les effets d’un système de santé privé excluant.

18-09-13

un territoire vaste, mité, enclavé. dans une ville organisée pour la voiture, absente de transports en commun, se déplacer sans véhicules est une épreuve. nouvelle ségrégation. la question de la mobilité devient une question sociale. itinéraire bis, ils s’inventent un nouveau réseau. raccourcis, pistes, traces laissées par homme sur le sol où il a marché.

 

je pratique ces chemins, réunis une collection de photographies lors de mes excursions. archives, j’en garde une trace.

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